Fondation du mythe de l’amour tragique dans "Roméo et Juliette" de William Shakespeare et "Tristan et Iseut" de Joseph Bédier


Introduction

«Je perds le fil», «des yeux de Lynx», «elle joue les Cassandre», «ils tombent dans les bras de Morphée», «il touche le pactole», «c’est un travail d’Hercule!» : nos expressions sont si nombreuses que nous en oublions leurs essences mythiques. La plupart proviennent d’histoires qui ont influencées notre culture en ce qui a trait à de nombreux domaines, comme les arts. Les mythes se suivent, tant bien que mal. Ils s’adaptent, se transforment et persistent au fil des années inlassablement. Pourquoi? S’il y a bien un domaine où les mythes abondent, c’est celui de l’amour et tout  particulièrement, celui de l’amour tragique. Qui ne connait pas une histoire romantique s’achevant par la mort de l’un, voire des deux amoureux? Parmi les histoires d’amour les plus connues et intemporelles, celles que l’on étudie encore de nos jours à l’école, nous retrouvons immanquablement Roméo et Juliette ainsi que Tristan et Iseut.

Le mythe

Avant toute chose, il est important de définir ce qu’est un mythe littéraire pour ensuite pouvoir analyser les œuvres. Le mythe littéraire se décline donc ainsi :

Configurations symboliques et archétypiques qui témoignent de l'universalité de certains comportements humains, les grands mythes jouissent d'un fondement anthropologique qui les fait surgir dès les origines de la littérature. Lorsque nous nous référons aux textes originaires de la culture gréco-latine et de la culture judéo-chrétienne, nous constatons que, dans les deux cas déjà, les mythes se sont imposés comme une nécessité organisatrice et structurante. Ils n'ont pas cessé depuis d'inspirer les littéraires qui, consciemment ou non, les réactivent dans leurs œuvres soit à travers des structures mythiques traditionnelles […], soit par des redondances sémantiques révélant, implicitement ou explicitement, des homologies avec certains mythes fondamentaux […][1].

Un mythe est donc un récit intemporel qui, par sa force de persuasion, refait constamment surface malgré son ancienneté, ce qui le projette par le fait même en avant dans la littérature. Il inspire constamment les littéraires, qui se réapproprient des mythèmes ou encore l’histoire au complet[2]. Il est, la plupart du temps, connu de tous et est facilement utilisable dans les conversations de tous les jours. Cela peut notamment se traduire par l’entremise d’expressions, comme «c’est son talon d’Achille », le tout sans forcément savoir ce que cette expression signifie (« qui est Achille? »; « pourquoi parlons-nous de son talon?»). Dans le cas des mythèmes, ce sont des références mythiques. Ils sont les plus petits éléments narratifs signifiant un mythe; ils peuvent être voilés ou non, explicites ou directs. Les mythèmes sont facilement reconnaissables dans la littérature car ceux-ci peuvent prendre plusieurs formes témoignant du mythe (évènements, situations, lieux, objets, décors, personnages, etc.)[3]. Par exemple, si l’amour tragique est un mythème, dans ce cas, il se retrouve dans Roméo et Juliette, mais aussi dans Tristan et Iseut

Tristan et Iseut

Joseph Bédier
Dans le cas de Tristan et Iseut, il s’agit ici d’une histoire d’origine celtique ayant mis beaucoup de temps à être retranscrite à l’écrit, c’est pourquoi nous ne savons pas qui est l’auteur d’origine, le récit s’étant longtemps transmis à l’oral. Les versions les plus connues sont celle de Béroul (écrite vers 1170), celle de Thomas d’Angleterre (rédigée aux environs de 1175) et enfin, la plus lue de nos jours, celle de Joseph Bédier (1864-1938), écrite entre 1900 et 1905. Bédier était un romaniste spécialisé dans la littérature médiévale ayant  permis à cette l’histoire de se faire connaitre. Dans Tristan et Iseut, Tristan, un chevalier, tue Morholt, l’oncle d’Iseut, une princesse l’ayant soigné suite à un combat. Le roi de Tristan est toutefois destiné à épouser Iseut. Cependant, lors du trajet les menant au roi, Tristan et Iseut prennent accidentellement un philtre d’amour. Tous deux follement amoureux l’un de l’autre, ils s’exilent quelque temps puis le philtre cesse de faire effet. Iseut  retourne alors avec le roi et Tristan épouse une autre femme. Lors d’un combat particulièrement violent, Tristan, encore amoureux, fait demander l’aide d’Iseut pour le soigner; si elle accepte son aide, les voiles du bateau devront être blanches, et noires dans le cas contraire. Sa femme, folle de jalousie, annonce à Tristan que les voiles sont noires, ce qui mène au suicide de ce dernier, en proie au chagrin éternel. Peu de temps après, Iseut se donne également la mort lorsqu’elle découvre le corps inerte de Tristan. Les deux amoureux sont finalement enterrés ensemble et reposent en paix.

Roméo et Juliette

Portrait de William Shakespeare
Roméo et Juliette (1597) est probablement l’une des pièces de théâtre les plus connues de l’œuvre de Shakespeare (1564-1616), elle qui raconte l’histoire de Roméo et de Juliette, deux enfants qui tombent rapidement amoureux l’un de l’autre. Malheureusement, leurs deux familles sont ennemies et sont prêtes à tout pour les séparer. Ils se marient néanmoins, mais suite à un accident, Roméo est exilé. Juliette se fait alors passer pour morte pour que Roméo la rejoigne et qu’ils puissent vivre en paix. Cependant, comble de malheur, ce dernier ne réussit pas à recevoir la lettre l’informant de la ruse. La pensant morte, il se tue et elle fait de même à son réveil.

Deux mythes

Ces histoires sont toutes deux perçues comme de vrais mythes en matière de littérature d’amour. Cependant, comment ces deux histoires sont-elles devenues aussi populaires et importantes? Pourquoi la majorité de la population connait-elle la tragique histoire des deux couples sans même avoir lu ces deux récits? Ce texte traitera en outre de quelques pistes de solution pouvant permettre de répondre à ces interrogations. Le processus menant à la  fondation du mythe de l’amour, les différents facteurs commémoratifs de ces histoires ainsi que quelques raisons expliquant leur passage prolifique à travers le temps feront par ailleurs partie des thèmes abordés au cours des prochains paragraphes. Durant l’analyse, nous allons ainsi pouvoir comprendre l’évolution du mythe amoureux en analysant les mythèmes communs aux deux œuvres à l’étude, tels la transgression, l’amour fusionnel, la mort ou encore la fatalité. L’actualisation de ces œuvres, d’hier à aujourd’hui, complétera par ailleurs le volet « analyse » de ce texte. En effet, il importe de spécifier que ces deux histoires sont de nos jours encore analysées en littérature, utilisées dans un cadre scolaire, vendues dans nombre de librairies et finalement, toutes deux fréquemment et récemment adaptées au cinéma (Tristan & Yseult de Kevin Reynolds en 2006) comme en musique (Giulietta & Romeo de Richard Cocciante en 2007).

L’amour fusionnel, l’amour coup de foudre

Tristan et Iseut

 

Tout d’abord, il va de soi que l’amour passionnel, lorsque celui-ci survient, est un sujet qui fait parler. À la fois intense, fort, incontrôlable, il est mêlé à une certaine brutalité et au danger car il n’est ni paisible, ni tranquille[4]. Bref, c’est une véritable décharge d’émotions qui vous traverse dans ces situations. L’amour passionnel se reflète d’ailleurs très bien au sein de Tristan et Iseut. En effet, dès leur première rencontre, Tristan et Iseut sont attirés l’un vers l’autre, la tension du désir entre les amants étant de ce fait palpable du début à la fin du roman. Les deux amoureux vivent un amour très intense, et ce, notamment en raison de l’attirance qu’ils avaient l’un pour l’autre dès le départ et également grâce aux effets du philtre d’amour qu’ils malencontreusement ingérés. Cet amour-passion qui les caractérise est si puissant qu’il dépasse de ce fait toutes les douleurs, obstacles et autres séparations pouvant diviser les deux tourtereaux. Le couple se distingue en outre des autres par sa solidité et sa passion. À la fin du récit, lorsque de mystérieuses ronces poussent et relient les tombes des amants, celles-ci deviennent par le fait même la preuve matérielle de l’amour inhabituel que ces deux amoureux ont vécu dès le moment où ils se sont partagés le philtre d’amour, où l’on retrouvait une première référence à ces arbrisseaux épineux : […] Il semblait à Tristan qu’une ronce vivace, aux épines aiguës, aux fleurs odorantes, poussait ses racines dans le sang de son cœur et par de forts liens enlaçait au beau corps d’Iseut son corps et tout son désir[5]. Ce lien reste présent jusque dans leur décès et même plus loin : […] de la tombe de Tristan jaillit une ronce verte et feuillue, aux forts rameaux, aux fleurs odorantes, qui, s’élevant par-dessus la chapelle, s’enfonça dans la tombe d’Iseut (p.153). La puissance extraordinaire de leur amour pousse donc l’histoire au-delà du réel, en y ajoutant des ronces surnaturelles qui vont lier le couple à tout jamais. Dans les deux passages, la ronce s’extrait par ailleurs du corps de Tristan afin d’aller se lier à celui d’Iseut, comme pour appuyer le fait que leur amour est unique et que celui-ci est même approuvé par Dieu (au début comme à la fin du récit, l’évènement se produit dans un lieu saint, respectivement dans la nef d’une église et à l’intérieur d’une chapelle). Il  pourrait donc s’agir ici d’une allégorie certifiant le consentement du Seigneur. L’arbrisseau devient donc un symbole qui réunira le couple par un lien plus fort que la mort, avec ses épines décourageant quiconque tentera de les séparer. Leur amour passionnel est voué à être hors norme, car l’amour qu’ils vivent est particulièrement fusionnel et inconditionnel:

Le philtre et son sortilège rendus ainsi définitivement caducs, cet amour prédestiné devait se vivre par-delà les normes sociales et même la condition humaine, puisque le lien d’amour véritable, loin de se confondre avec le mariage, l’Institution, répond bien plus profondément à une élection transcendante des âmes.[6]

Voilà donc l’une des raisons fondamentales voulant que l’histoire de Tristan et Iseut soit un mythe. En effet, nous sommes ici bien loin de l’histoire d’un amour banal ou encore du couple que l’on voit dans la vie de tous les jours. Au contraire, cette histoire comporte un amour qui a son propre langage, sa propre voix, à la fois unique et intense. Lorsque Iseut est séparée de Tristan, elle se languit énormément de lui : il lui faut dompter, immobile, l’agitation de ses membres et les tressauts de la fièvre. Elle veut fuir vers Tristan. Il lui semble qu’elle se lève et qu’elle court jusqu’à la porte (p.55). Ici, l’auteur a mis un accent particulier sur le fait qu’Iseut veut ardemment rejoindre Tristan, au point où elle en subit des contrecoups physiques. En effet, il utilise un champ lexical qui insiste beaucoup sur le « besoin absolu » de cette dernière, employant des mots tels que dompter, agitation, tressauts, fièvre, fuir, se lève et court pour décrire l’état d’Iseut. Enfin, on peut en conclure que cette relation représente un amour si inhabituel qu’il en devient mythique par sa puissance peu commune.

Roméo et Juliette


Dans la pièce de théâtre, l’amour que représente Shakespeare dans son œuvre est un amour autant passionnel que celui qui est représenté dans Tristan et Iseut. En effet, les deux personnages principaux vivent, à leur première rencontre, un coup de foudre très puissant. C’est d’ailleurs un des facteurs qui rend cet amour absolu si mythique. La première fois que Roméo aperçoit Juliette, sa réaction est immédiate: il se demande qui elle est et remarque tout de suite sa beauté : Mon cœur a-t-il aimé jusqu’ici? Non; jurez-le, mes yeux! Car jusqu’à ce soir, je n’avais pas vu la vraie beauté[7]. L’auteur fait se questionner Roméo et va même jusqu’à faire une prosopopée avec les yeux de ce dernier pour marquer davantage sa surprise et l’intensité du coup de foudre. Leur amour est idyllique, il ne décroit à aucun moment et fait rêver par sa sincérité, sa passion. Cela mène les deux amoureux à se séparer du reste de leur communauté tellement ceux-ci sont dans leur monde, un monde où eux seuls existent, s’aiment et se comprennent. À tel point que Juliette est prête à s’exiler en dehors de la ville, loin de son entourage, pour vivre avec Roméo. Désespérée par l’exil forcé de son bien-aimé, Juliette
Roméo et Juliette
par Sir Frank Bernard Dicksee
demande de ce fait l’aide du Frère Laurent. Ce dernier met donc au point un plan qui la fera passer pour morte et une fois dans son tombeau, son amant la rejoindra pour s’enfuir avec elle. Juliette n’hésite pas un instant à accepter l’idée du Frère en s’écriant : -Donne! Eh! donne! ne me parle pas de frayeur (p.89). Dans cette réaction, l’auteur exprime l’empressement de Juliette à l’aide de plusieurs procédés stylistiques. D’abord, par un procédé de ponctuation qui est d’ajouter excessivement des points d’exclamations. Ensuite, en employant un temps de verbe à l’impératif, la jeune fille ne laisse pas le choix au Frère de mettre son plan à exécution. Enfin, avec l’utilisation de l’apostrophe «Eh!», manière d’interpeller hâtivement le Frère. Ainsi, on peut en déduire que l’amour de Roméo et Juliette est un amour fusionnel qui les conduit à l’isolement tant ils sont en rupture avec le monde extérieur. Comme Laurent le précise, par les liens du mariage, il a «uni les deux en un seul (II, 6, p.60)»[8]. Shakespeare exprime beaucoup le paradoxe

amoureux à l’aide d’oxymores, qui servent à exprimer les émotions contradictoires tout comme l’amour-haine, essences de la pièce. À titre d’exemple, lorsque Juliette apprend que son bien-aimé a tué son cousin Tybalt, elle le qualifie de «gracieux tyran», «démon angélique», «corbeau aux plumes de colombe», «saint damné» et de «noble misérable» (p.69). Dans le cas de Roméo, il emploie également quelques oxymores lorsque celui-ci parle de l’amour au tout début du récit en disant «Ô amoureuse haine», «Ô tout, créé de rien», «Ô lourde légèreté», «feu glacé», «sommeil toujours éveillé qui n’est pas ce qu’il est», etc. Tout compte fait, c’est comme si leur amour était si complexe, si perturbé et si fiévreux qu’il n’était pas suffisant d’en parler normalement, qu’il fallait marquer leurs disparités. Les multiples oxymores sont des outils qui servent  ce but. Ainsi, la différence qu’il y a entre n’importe quelle histoire d’amour et l’histoire de Roméo et Juliette marque l’imaginaire, puisque leur passion dépasse ce que l’on connait, elle surprend par sa puissance et marque les esprits comme le fait aussi celle de Tristan et d’Iseut.

La transgression

 

Familiale


Tristan et Iseut


Que ce soit dans Tristan et Iseut ou encore dans Roméo et Juliette, les deux amoureux font fi du désir de leurs parents qui, à leur époque, ont un code familial plutôt strict, même si c’est un détail plus marqué chez les personnages féminins. En effet, pour ce qui est d’Iseut, son père la remet cérémonieusement à Tristan dans l’unique but que ce dernier la mène au roi de Cornouailles pour qu’elle devienne reine : Le roi prit Iseut par la main et demanda à Tristan s’il la conduirait loyalement à son seigneur[9]. De plus, la mère d’Iseut crée un philtre d’amour pour que le roi Marc et sa fille vivent leur mariage avec amour et bonheur. Ces facteurs font d’ailleurs clairement état du choix des parents de marier leur fille au roi, ces derniers ne lui laissant pas le choix d’argumenter, ni de se rebeller; elle est dans l’obligation de se marier avec celui qu’ils ont choisi et c’est ce qui rend le choix d’Iseut, qui est de suivre Tristan, si insolite. Les conséquences des transgressions commises par le couple se traduisent par l’exclusion sociale et le bannissement. En effet, lorsqu’à un moment dans le récit, les amoureux cherchent à fuir plus profondément dans la forêt, le narrateur déclare même : Que de tortures amour leur aura causées! (p.84). Ainsi, la transgression est un acte qui va influer énormément le cours de l’histoire et c’est pour cette raison que ce thème marque autant le lecteur, car il étonne et chamboule profondément le cours des choses.

Roméo et Juliette

 

Dans le cas de la pièce de théâtre de Shakespeare, Juliette a toujours adopté une attitude de soumission envers son père. Pourtant, lorsque vient pour elle le temps de lui affirmer qu’elle veut être avec Roméo, elle transgresse l’autorité paternelle. La mère de Juliette, Dame Capulet, laisse le soin à sa fille d’annoncer la nouvelle à son père, car en n’obéissant pas immédiatement, la jeune fille ne se conforme pas au code familial strict de l’époque. Son refus d’obéir est donc perçu comme un acte odieux, ce qui explique la colère de Capulet, père de Juliette :


Capulet
Au diable, petite bagasse! misérable révoltée! Tu m’entends, rends-toi à l’église jeudi, ou évite de me rencontrer jamais face à face : ne parle pas, ne réplique pas, ne me réponds pas; mes doigts me démangent… Femme, nous croyions notre union pauvrement bénie, parce que Dieu ne nous avait prêté que cette unique enfant; mais, je le vois maintenant, cette enfant unique était déjà de trop, et nous avons été maudits en l’ayant. Arrière, éhontée![10]

Gravure de Deveria et Boulanger
représentant Roméo et Juliette
Cette violente réaction de la part du père de la jeune fille est accentuée par une énumération d’injures comme «Au diable, petite bagasse!», «misérable révoltée!», «Arrière, éhontée!», qui ont pour effet d’insister sur sa colère et son mécontentement. De plus, le parallélisme «ne parle pas, ne réplique pas, ne me réponds pas; mes doigts me démangent…», que Shakespeare utilise dans ce monologue, se veut une figure de style qui va rajouter plus d’insistance à ce que Capulet dit, démontrant au passage toute son autorité et son intransigeance. Ces réactions prouvent bien que dans le contexte de l’histoire, les agissements de Juliette ne sont pas acceptables. Cette réaction, qui pourrait paraître grandement excessive et beaucoup trop violente de nos jours, est une réaction davantage normalisée dans le contexte historique du récit (environs du XVIème siècle), car la condition de la femme était alors de beaucoup à celle des hommes. Les actes violents, physiques comme psychologiques, de la part des maris et des géniteurs sont donc considérés plus normaux (!) dans le contexte de la tragédie. Pour ce qui est de la transgression sociale inscrite au sein du récit, Roméo ne donne pas l’impression de culpabiliser pour ses actes, son amour envers Juliette l’aveuglant tant qu’il ne se préoccupe pas des conséquences que pourraient entrainer ses actes interdits. D’ailleurs, il déclare même à Juliette : Tes parents ne sont pas un obstacle pour moi (p.43). Voilà donc plusieurs détails importants découlant de la transgression dans la tragédie, qui vont tous à leur manière affecter le lecteur sur de nombreux fronts émotifs.

Sociale


Tristan et Iseut


À brûle-pourpoint, il semble bel et bien que les interdits sociaux ne freinent pas plus les couples des deux récits que les interdits familiaux. En effet, ceux-ci ne semblent pas se préoccuper outre mesure des convenances et de ce qui ne se fait pas à ces époques, tel le fait de choisir soi-même son époux. Dans Tristan et Iseut, la transgression sociale semble plus qu’évidente. Iseut est reine de Cornouailles et femme du roi Marc, elle commet donc l’adultère en partant vivre dans la forêt avec Tristan; c’est une trahison de taille dans le contexte de l’histoire, à une époque où le mariage consacré par l’Église est indissoluble. Elle déshonore de ce fait le roi qui, jusqu’à maintenant, avait été bon avec elle. En effet, la jeune femme a bien été accueillie et vit aisément auprès du roi : Iseut a la tendresse du roi Marc, les barons l’honorent, et ceux de la gente menue la chérissent. Iseut passe le jour dans ses chambres richement peintes et jonchées de fleurs. Iseut a les nobles joyaux, les draps de pourpres […][11]. Cette transgression sociale marque beaucoup, car l’amour du couple les pousse à commettre des actes inacceptables : Paria, ce type d’amour formidable pour les amants s’avère toujours d’autant plus menaçant pour les autres qu’il remet en cause les institutions religieuses et sociales et, ne répondant qu’à sa propre loi, il représente le désordre dans l’ordre établi[12]. Conscient de l’interdiction, Tristan enfreint quand même les règles pour satisfaire ses désirs égoïstes lorsqu’il se retrouve à dormir sous le même toit que Marc et Iseut :

Voilà Tristan en grand émoi. De son lit au lit de Marc il y avait bien la longueur d’une lance. Un désir furieux le prit de parler à la reine, et il se promit en son cœur que, vers l’aube, si Marc dormait, il se rapprocherait d’elle. Ah! Dieu! la folle pensée! (p.64)

Coffret en ivoire reprensentant
Tristan et Iseut à la fontaine,
épiés par le roi Marc
Bédier a écrit dans ces circonstances de courtes phrases avec beaucoup de points d’exclamations pour exprimer les émotions que vit Tristan. Ce dernier est effectivement très fébrile et impatient; il est également sujet au danger, un danger qui rend justement l’action de transgression d’autant plus tentante. Dans le cas de cette œuvre, la réaction de la société envers la transgression n’est majoritairement pas négative, le peuple aime Iseut et ne lui en veut pas. Cependant, les trois félons, éternels ennemis de leur amour, s’opposent encore et toujours à la reine Iseut. Lorsque Tristan remet Iseut au roi Marc, la réaction du peuple envers le retour de la reine est sans équivoque : Dames et chevaliers se rendirent en foule à cette assemblée; tous désiraient revoir la reine Iseut, tous l’aimaient, sauf les trois félons qui survivaient encore (p.92). Cet effet sur le peuple est étonnant, car c’est à ce moment que le lecteur comprend réellement à quel point Iseut est appréciée. Elle a su charmer la masse le peu de temps qu’elle a été aux côtés du roi, ce qui marque le lecteur et fait en sorte que la transgression joue un rôle majeur dans cette histoire d’amour tourmenté.

Roméo et Juliette


Dans le cas de Roméo et Juliette, la transgression sociale est également très marquée, le couple étant contrarié par les règles sociales de l’époque et, dans le contexte historique du récit, séparé par la seule évocation de leurs noms de famille. Juliette brave les interdits sociaux en choisissant elle-même son époux. L’usage voulait que ce soit les prétendants, après une cour plus ou moins assidue, qui viennent faire leur demande en mariage auprès du père qui disposait comme il souhaitait de la requête[13]. Dans la pièce, Roméo est très entreprenant envers sa bien-aimée; par contre, il ne se préoccupe pas du tout des convenances, il ne demande pas la main de Juliette à son père et entre même à un moment chez les Capulet sans aucune invitation. Pour lui, leur amour est tel qu’il ne se préoccupe pas de ce que les gens peuvent penser, sa seule motivation est de pouvoir aimer Juliette comme il se doit. Ainsi, ces affronts vont marquer le lecteur, de par l’outrage social qui en découle notamment.

Infraction, un synonyme d’exaltation?


Défier les règles : c’est un jeu dangereux, mais tellement attractif, il est presque impossible d’y résister et de ne pas y prendre goût, qu’on le veuille ou non. Cela recouvre non seulement l’amour, mais aussi la désobéissance en général, notamment celle des jeunes qui font ce qui leur est interdit par simple goût de défier l’autorité et les normes en place. Dans le cas des deux œuvres à l’étude, les couples ne peuvent s’empêcher de transgresser les règles. La clandestinité se veut, dans les deux œuvres mythiques, le paradis de la passion amoureuse. L’infraction à la loi, le défi, constituent la condition première de l’exaltation amoureuse : les Capulet et les Montague ont beau se haïr, Roméo et Juliette vont s’aimer. Ce défi se protège par le secret[14]. Le défi qu’ils doivent relever est si palpitant, si tentant qu’ils ne peuvent y résister. Ce suspens immortalise donc les deux histoires par son intensité caractéristique. Bref, un couple impossible est également un couple captivant : les personnages rejettent les incompatibilités sociales et familiales, ils souhaitent et parviennent à les vaincre avec une détermination si forte qu’elle en devient mythique.

La mort

Tristan et Iseut

La mort de Tristan,
par Marianne Strokes (1902)
Comme on le sait, les amants des deux couples meurent chacun leur tour à la fin du roman. Nous sommes ici en présence de deux relations amoureuses si intenses, si fortes, que les individus impliqués finissent tous par considérer la vie comme impossible sans la présence de l’être aimé. Ainsi, lorsque Iseut arrive trop tard pour sauver Tristan, elle décide de se suicider: elle mourut auprès de lui pour la douleur de son ami (p.153). Pour l’unique acte d’avoir trahi deux serments bien respectés à l’époque médiévale (l’allégeance au suzerain et la fidélité dans le mariage), le couple devait ainsi être puni. Cependant, la mort n’est pas un acte de cruauté; au contraire, elle témoigne de l’impossibilité de survivre à l’autre sur le plan terrestre et va garantir la fusion éternelle avec l’autre, fidélité absolue à l’amour jusque dans et après la mort[15]. C’est donc plutôt un service que l’auteur rend au couple, car cela va leur accorder la liberté et l’amour dont ils ont besoin. Ils sont ainsi libérés de cette pression sociale qui écrase les passions. Au final, Tristan perçoit la mort comme un ultime soulagement puisque vivre sans la femme qu’il aime lui rend la vie insupportable au point où il souhaite mieux décéder : Je ne puis retenir ma vie plus longtemps (p.151). Bédier utilise ici le verbe «retenir» et cela a pour conséquence de donner l’impression au lecteur que Tristan se maintient non sans peine en vie et que sans sa bien-aimée sur terre, plus rien ne le retenait de mourir. Alors que Tristan meurt d’une blessure, Iseut, elle, meurt de la mort-d’amour[16], une mort volontaire faisant suite au fait que son amant a rendu l’âme. On considère donc à peu de choses près que la mort d’un être cher est une cause entrainant le décès, comme pourrait l’être une maladie mortelle, une blessure grave ou encore un accident tragique. Cela rend ainsi leur mort considérablement plus tragique et marquante, car le lecteur se rend compte à quel point le duo vivait une relation puissante.

Roméo et Juliette


Roméo et Juliette se retrouvent sensiblement dans la même position que Tristan et Iseut. La mort est présente et rode autour du couple italien du début à la fin. En fait, Roméo et Juliette étaient destinés à mourir, comme si leur amour était tellement tourmenté qu’il ne peut s’épanouir sur terre, tant il est contrarié par la société, les hommes et les dieux : la solution ultime, la seule issue pour eux est la mort[17]. Pour ainsi dire, la mort se voulait une punition pour leur désobéissance, mais finalement elle ne laisse pas forcément une mauvaise image du couple : lorsque Juliette finit par se suicider, elle semble accueillir la mort avec joie et soulagement. Elle déclare d’ailleurs à ce moment : «Ô heureux poignard! Voici ton fourreau… (elle se frappe.)»[18]. L’apostrophe et la personnification du poignard dans cette déclaration sont des figures de style utilisées par Shakespeare qui ont pour conséquence de renforcer le dramatique de la situation. Juliette interpelle donc l’arme blanche, lui demandant grâce, comme si elle était son dernier recours, ce qui, de son propre point de vue, semble être le cas. Ainsi, le désespoir de la jeune fille est beaucoup plus apparent et le lecteur est encore plus touché par la mort tragique des deux êtres. L’histoire n’aurait probablement pas perduré si Roméo et Juliette n’étaient pas morts : en les faisant mourir, Shakespeare a sauvé le couple pur. Il a pour ainsi dire préservé la candeur du mariage sous le linceul de la mort, et n’a pas voulu aller, dans ce texte, au bout de la nuit passionnelle qui est celle du couple durable. Dans le cas de cette œuvre aussi, les amants meurent l’un pour l’autre par amour, simplement parce qu’ils sont dans l’impossibilité de vivre sans l’être cher et c’est un fait d’autant plus marquant pour le lecteur.

Mort ou bien  sommeil?

The Reconciliation of the
Montagues and the Capulets,

toile de Lord Frederick Leighton
Le dénouement de chacune des deux histoires est ici plutôt similaire : au final les amants meurent dans les deux cas de leur amour passionnel. Ce constat incite de ce fait à la réflexion: les auteurs parviennent à garder une certaine animation de l’âme des personnages, malgré la mort qu’ils leur attribuent. Une interrogation demeure cependant : sont-ils morts ou éternellement endormis, de sorte qu’ils continuent toujours à évoluer dans l’esprit des lecteurs? En fait, la mort n’est pas perçue ici comme étant une fin morbide et tragique, mais le passage obligé vers la liberté où l’amour, qui ne pouvait se réaliser dans sa permanente plénitude sur cette terre […] s’accomplira enfin et totalement[19]. Ainsi, lorsque le lecteur songe aux deux couples, il ne voit pas des êtres morts violemment, mais plutôt des amoureux éternels :

La magie […] tient pour moi, par-delà les plis de cette passion ambivalente, dans l’image d’un amour qui est une mort, mais que nous persistons pourtant à regarder comme si elle n’était qu’un soleil éternel. Ces deux corps, ces deux cadavres ne sont pas morts- ils nous rappellent le sommeil des amoureux, lorsque nous dormons côte à côte ou dans les bras l’un de l’autre, pour nous préparer à d’autres jeux amoureux, à d’autres combats érotiques ou sociaux.[20]

En effet, cette vision des amants est due à la puissance de leurs amours, qui parvient à supplanter la tristesse de leur décès. Il est donc plus facile de comprendre pourquoi ces histoires ont traversé le temps, puisque parvenir à faire en sorte que le lecteur délaisse le souvenir des morts violentes et suicidaires pour celui de l’amour éternel se veut en soi tout un tour de force de la part des auteurs.

Une œuvre pour notre temps

Gabriel Garcia Marquez (célèbre auteur colombien) a déjà déclaré qu’il y a dix mille ans de littérature derrière chaque conte que l'on écrit. Aussi, selon l’hypothèse de Mircéa Eliade (savant roumain et mythologue), nos récits culturels, et en particulier le roman moderne, sont des réinvestissements mythologiques plus ou moins avoués. Ainsi, le poids de tant de traditions autorise une enquête plus large sur la présence des mythes dans les textes littéraires, sur leur prégnance dans l'imaginaire individuel et collectif, sur leurs divers niveaux de sens, de même que la configuration qu'ils prennent selon les auteurs et les époques[21]. De ce fait, la présence de mythèmes issus des mythes de Tristan et Iseut et de Roméo et Juliette dans la culture de notre société actuelle est loin de s’avérer un pur hasard.

Tristan et Iseut

L’histoire de Tristan et Iseut constitue sans contredit un mythe encore populaire de nos jours, notamment en ce qui a trait à sa transformation de légende à celle de mythe. De nombreux auteurs ont d’ailleurs voulu retranscrire le récit :

Au Moyen Âge, en plus de Béroul et de Thomas, ces deux grands trouvères anglo-normands qui ont écrits les tout premiers romans connus de Tristan et Iseut, le nombre d’interprétation de la légende […] est déjà si important que l’on parle de « deux à trois générations» d’auteurs divers que se sont succédé du dernier tiers de XIIe siècle au milieu du XIIIe siècle[22].

Le film de Kevin Reynolds,
Tristan et Yseult
Conséquemment, tout ce mouvement autour de cet amour tragique a commencé à rendre l’histoire de plus en plus populaire. Par la suite, le récit a commencé à s’incruster progressivement dans la mémoire de la société, à tel point que les objets, et certaines habitudes, en conservent la marque : des tableaux, des coffrets d’ivoire, des tapisseries brodées, des enluminures de manuscrits reproduisent, dessinées, gravées, ouvrées, les scènes les plus frappantes du récit des amants[23]. Puis, l’histoire de Tristan et Iseut s’est petit à petit introduite dans l’art et c’est de là que le mythe a pris naissance, comme c’est le cas pour Roméo et Juliette. L’art a d’ailleurs cette capacité de pouvoir adapter les histoires à chaque époque différente, ce qui fait en sorte que les artistes ne se lassent visiblement pas de toutes ces histoires d’amour tragique qui attirent l’intérêt du public, lui conférant désormais la dimension plus sacrée du Mythe. Car il ne s’agit plus là d’un succès de mode, mais bien d’un thème qui, par sa facture et sa finalité, s’adresse au fondement même de l’être humain universel[24]. D’ailleurs, le dernier film à avoir adapté le roman est Tristan et Yseult en 2006, une œuvre du cinéaste Kevin Reynolds. Il s’agit en outre d’une adaptation filmique que l’on peut considérer récente, surtout si l’on prend en compte que la légende est au départ apparue avant le XIIe siècle. De plus, ce qui est également intéressant à remarquer provient du fait que ce film est joué par des acteurs connus comme James Franco (Spiderman) et Sophia Myles, ce qui insinue indirectement que le film a nécessité un gros budget. Conséquemment, il est simple de déduire que les producteurs ont eu confiance aux perspectives de popularité que le mythe a à l’endroit de la société.

Roméo et Juliette

 

N’étant pas en reste devant Tristan et Iseut, les amants italiens Roméo et Juliette demeureront eux aussi indéfiniment dans nos esprits comme deux êtres amoureux, qui reposent enlacés et en paix pour toujours :

Roméo et Juliette appartenaient à la famille Capulet et Montaigue, qui ont véritablement existé […]. De ces êtres de chair Shakespeare a fait des mythes, car la mort des amants de Vérone a beau être définitive, irrémédiable, on a l’impression qu’ils sont simplement endormis dans les bras l’un de l’autre : dans notre imaginaire, leur amour est un défi magique éternellement lancé à la mort[25].

Le film de John Madden,
Shakespeare in love
Shakespeare est donc parvenu à rendre l’histoire d’un jeune couple décédé quasiment immortelle dans l’esprit de la population. Il a réussi à propulser son récit dans la littérature et les arts : Roméo et Juliette est à ce titre un mythe très vivace, puisqu’en tous temps, en tous lieux, les artistes se le sont appropriés pour le prolonger tout en révélant de nouvelles richesses[26]. En effet, la pièce a été tellement reprise et adaptée à l’aide de toutes sortes de formes artistiques qu’elle a ainsi marqué les générations et a prolongé sa durée de vie en se transformant peu à peu en mythe. L’une des productions filmiques les plus connues faisant référence à la pièce est sans contredit Shakespeare in love (1998), de John Madden, une histoire racontant la vie de Shakespeare au moment où celui-ci écrit Roméo et Juliette. Cette œuvre met également en scène des acteurs connus tels que Ben Affleck et Gwyneth Paltrow, ce qui témoigne encore une fois de la confiance des producteurs envers l’attrait potentiel que représente le mythe pour l’auditoire.

Au final, toutes ces adaptations, utilisations de mythèmes et autres références ont pour conséquence de permettre une réactualisation perpétuelle des mythes qui est souvent révélatrice des valeurs d'une époque[27].
   
Conclusion

Tout compte fait, nous pouvons déduire de cette analyse que la fondation du mythe de l’amour tragique dans Roméo et Juliette de William Shakespeare et Tristan et Iseut de Joseph Bédier trouve ses origines à de multiples égards. En effet, il est possible de retrouver des thèmes tels que l’amour passionnel, la transgression familiale et sociale, la clandestinité ou encore la mort au sein de ces deux oeuvres. Tous ces détails ont pour conséquence de rendre l’histoire plus attrayante, palpitante et dramatique, ce qui fait directement réagir le lecteur en le marquant, en le touchant, en l’émouvant. Une fois habité par les histoires, le lecteur réfléchit, se reconsidère, en discutant avec son entourage de leur contenu. C’est ainsi que le fondement du mythe capte ses manifestations initiales. Dans la même veine, si les gens discutent entre eux de tels récits, ceux-ci seront par ailleurs beaucoup plus susceptibles d’intégrer ces histoires dans leur vie quotidienne, dans leurs arts et dans leurs conversations. Cependant, comment se fait-il que l’amour-passion est un thème qui marque autant notre société, et ce, siècle après siècle? Ne serions-nous pas secrètement impliqués dans une course perpétuelle vers le partenaire parfait ? À la quête d’un amour passionnel si bien représenté par Tristan et Iseut et Roméo et Juliette? L’histoire des amants, morts de s’être trop aimés, s’est inscrite, dans un tel idéal […] qu’elle en est devenue la structure fondatrice, l’archétype de l’amour-passion pour tout l’Occident : référence, idéelle, de l’Amour absolu[28]. Il serait maintenant intéressant d’analyser le thème de l’amour et son importance tout au long de l’histoire.


Médiagraphie

Œuvres à l’étude

  •  Bédier, Joseph, Tristan et Iseut, coll. «Parcours d’une œuvre», Montréal, Chenelière Éducation, 2001, 262 p.
  • Shakespeare, William, Roméo et Juliette, coll. «Le Théâtre de Poche», Paris, Le Livre de Poche, 2009, pages 187 à 195.

Sur Roméo et Juliette 

  • Fernandès, Isabelle, Roméo et Juliette - W. Shakespeare, Bréal, 1er janvier 2007, 160p.
  • Shakespeare, William, Roméo et Juliette, coll. «Le Théâtre de Poche», Paris, Le Livre de Poche, 2009, pages 187 à 195.

Sur Tristan et Iseut

  •  Bédier, Joseph, Tristan et Iseut, coll. «Parcours d’une œuvre», Montréal, Chenelière Éducation, 2001, 262 p.
  •  Blain, Michel, Douze mythes qui ont fondé l'Europe: une table ronde de grands récits, coll. «Logiques sociales. Études culturelles»,  L'Harmattan, 2007, 317 p.

Sur le mythe

  • Bricout, Bernadette et Berthier, Philippe, Le regard d'Orphée: les mythes littéraires de l'Occident, coll. Science humaine, Seuil, Paris, 2001, 213 p.
  •  Cauville, Joëlle et Déléas, Josette, « Fragments orphiques dans Hiroshima mon amour de Marguerite Duras et d'Alain Resnais », Cinéma, 1999, p. 159-173, (consulté le 11 mars 2013).
  •  Deslauriers, Camille, «Vers une lecture mythocritique des textes littéraires», Québec français, Numéro 164, hiver 2012, p. 42-46, (consulté le 20 mars 2013).
  •  Émond, Maurice, «Les approches thématique et mythocritique», Québec français, Numéro 65, mars 1987, p. 88-91, (consulté le 20 mars 2013).
  •  Levasseur, Jean, «Mythocritique, mythanalyse et littérature québécoise», Voix et Images, Volume 19, numéro 3, printemps 1994, p. 636-640, (consulté le 20 mars 2013).
  •  Rajotte, Pierre, «Mythes, mythocritique et mythanalyse : théorie et parcours», Nuit blanche, le magazine du livre, Numéro 53, 1993, p. 30-32, (consulté le 20 mars 2013).
  •  Verrette, Matthieu, «Pour une réactualisation de mythe dans Vendredi ou Les limbes du Pacifiques de Michel Tournier», Université du Québec à Montréal, 2006, Montréal, p. 11 à 27, (consulté le 20 mars 2013).



[1] P. Rajotte, «Mythes, mythocritique et mythanalyse : théorie et parcours», Nuit blanche, le magazine du livre, 1993, p. 30, (consulté le 20 mars 2013).
[2]  Loc. cit.
[3] Deslauriers, Camille, «Vers une lecture mythocritique des textes littéraires», Québec français, Numéro 164, hiver 2012, p. 42-46, (consulté le 20 mars 2013).
[4] W. Shakespeare, Roméo et Juliette, p.86.
[5] J. Bédier, Tristan et Iseut, p. 43, (À l’avenir, les références à cette œuvre seront entre parenthèses dans le texte).
[6] P. Benarrosh, Présentation de l’oeuvre, p. 213.
[7] W. Shakespeare, Roméo et Juliette, p.35, (À l’avenir, les références à cette œuvre seront entre parenthèses dans le texte).
[8] I. Fernandès, Roméo et Juliette - W. Shakespeare, p.89.
[9] J. Bédier, Tristan et Iseut, p. 41, (À l’avenir, les références à cette œuvre seront entre parenthèses dans le texte).
[10] W. Shakespeare, Roméo et Juliette, p.82-83, (À l’avenir, les références à cette œuvre seront entre parenthèses dans le texte).
[11] J. Bédier, Tristan et Iseut, p. 49, (À l’avenir, les références à cette œuvre seront entre parenthèses dans le texte).
[12] P. Benarrosh, Présentation de l’oeuvre, p. 205.
[13] I. Fernandès, Roméo et Juliette - W. Shakespeare, p.93.
[14] B. Bricout, Bernadette et P. Berthier, Le regard d'Orphée: les mythes littéraires de l'Occident, 2001, p.88.
[15] P. Benarrosh, Présentation de l’oeuvre, p. 208.
[16] M.Blain, Douze mythes qui ont fondé l'Europe: une table ronde de grands récits, p. 68-69.
[17] I. Fernandès, Roméo et Juliette - W. Shakespeare, p.102.
[18] W. Shakespeare, Roméo et Juliette, p.108, (À l’avenir, les références à cette œuvre seront entre parenthèses dans le texte).
[19] P. Benarrosh, Présentation de l’oeuvre, p. 209.
[20] B. Bricout, Bernadette et P. Berthier, Le regard d'Orphée: les mythes littéraires de l'Occident, 2001, p.107.
[21] P. Rajotte, «Mythes, mythocritique et mythanalyse : théorie et parcours», Nuit blanche, le magazine du livre, 1993, p. 30, (consulté le 20 mars 2013).
[22] P. Benarrosh, Présentation de l’oeuvre, p. 183.
[23] Loc. cit.
[24] Ibid., p. 184.
[25] I. Fernandès, Roméo et Juliette - W. Shakespeare, p.117.
[26] Ibid., p.118
[27] P. Rajotte, «Mythes, mythocritique et mythanalyse : théorie et parcours», Nuit blanche, le magazine du livre, 1993, p. 30, (consulté le 20 mars 2013).
[28] P. Benarrosh, Présentation de l’oeuvre, p. 5.